Explorer le diagnostic du cancer avec l’aide de chiens renifleurs et de « nez électroniques » : une approche innovante

La possibilité de repérer des maladies par l’analyse de l’haleine ou de la sueur est sur le point de devenir une réalité, y compris pour la détection de certains types de cancer. De l’utilisation de chiens entraînés à sentir le cancer à la mise au point de nez électroniques sophistiqués, les avancées en matière de recherche sont prometteuses.

La question de savoir si le cancer émet une odeur particulière intrigue les scientifiques depuis les années 1980. Plusieurs recherches ont exploré cette piste, révélant des anecdotes fascinantes, comme celle d’un chien insistant pour renifler et même tenter de mordre un grain de beauté sur la jambe de sa propriétaire, qui s’est avéré être un mélanome malin après examen médical.

L’idée que les chiens pourraient détecter le cancer grâce à leur odorat exceptionnellement développé, bien supérieur à celui des humains, n’est pas seulement fascinante, mais également pleine de potentiel. Les chiens ont déjà prouvé leur capacité à identifier drogues, explosifs et à participer à des missions de sauvetage. Leur flair pourrait désormais servir dans la lutte contre le cancer.

Les processus biologiques associés au cancer diffèrent de ceux d’un organisme sain, entraînant la libération de molécules spécifiques détectables dans l’air expiré, la sueur ou l’urine. Ces biomarqueurs, liés à des cascades biologiques spécifiques, sont parfois assez volatils pour être présents dans l’air expiré, explique Jean-François Focant, chimiste à l’ULiège.

Les chiens, grâce à leur capacité à détecter ces composés chimiques émis par les tumeurs, agissent comme de véritables instruments biologiques. Leur entraînement permet de tirer parti de leur sens de l’odorat pour identifier les signes de cancer, comme le montre le projet KDOG de l’Institut Curie en France, qui a démontré la capacité des chiens à détecter le cancer du sein à partir de la sueur des patientes.

Parallèlement, le développement de nez électroniques vise à reproduire artificiellement cette capacité de détection. Le projet européen Pathacov, par exemple, a travaillé sur un dispositif capable d’identifier des maladies telles que le cancer du poumon à partir de l’analyse de la respiration. Ces instruments, bien que ne remplaçant pas un diagnostic médical complet, pourraient servir d’alerte précoce, incitant à des examens plus approfondis.

Bien que ces approches ne permettent pas encore un diagnostic formel et que des défis demeurent, notamment en raison de la variabilité des biomarqueurs et des influences environnementales, les progrès réalisés sont encourageants. Les recherches continuent d’avancer, promettant de nouvelles méthodes de détection précoce du cancer qui pourraient transformer la manière dont nous diagnostiquons et traitons cette maladie à l’avenir.