Cancers tête et cou : Les signaux d’alarme à connaître

Les cancers de la tête et du cou touchent plus de 2700 Belges chaque année. Bien que leur pronostic soit excellent en cas de détection précoce, ils restent souvent diagnostiqués tardivement. Le Pr Didier Dequanter, expert du CHU St Pierre, nous éclaire sur cette pathologie encore méconnue qui nécessite une attention particulière.

Comprendre les cancers tête et cou

Ces cancers, également connus sous le nom de cancers des voies aériennes et digestives supérieures (VADS), affectent les zones essentielles à la respiration et à l’alimentation. Ils peuvent se développer dans les fosses nasales, le pharynx, le larynx, la cavité buccale, ainsi que dans la partie haute de l’œsophage cervical. Les glandes salivaires peuvent également être touchées, développant des tumeurs tantôt bénignes, tantôt malignes. Cette localisation stratégique explique pourquoi ces cancers peuvent avoir un impact significatif sur des fonctions vitales comme la respiration, la déglutition et la parole.

La règle cruciale du « un pour trois »

Le diagnostic précoce joue un rôle déterminant dans le pronostic. Pour faciliter la détection, les experts ont établi une règle simple mais essentielle : la règle du « un pour trois ». Tout symptôme persistant au-delà de trois semaines doit être considéré comme un signal d’alarme nécessitant une consultation médicale. Ces symptômes incluent l’apparition d’une boule dans la gorge, des grosseurs inhabituelles dans le cou, une langue douloureuse, ou encore des taches suspectes dans la bouche. L’enrouement persistant, les troubles de la déglutition et les saignements inexpliqués font également partie des signaux à surveiller attentivement.

Facteurs de risque et prévention

La compréhension des facteurs de risque est essentielle dans la prévention de ces cancers. Le tabagisme et la consommation d’alcool constituent les deux principaux facteurs, avec un effet non pas additif mais multiplicateur lorsqu’ils sont combinés. Le papillomavirus humain (HPV) représente le troisième facteur majeur, particulièrement préoccupant car il peut rester latent pendant de nombreuses années avant de se manifester. La vaccination précoce, désormais recommandée tant pour les jeunes filles que pour les garçons, offre une protection précieuse contre ce risque spécifique.

Une approche thérapeutique globale et personnalisée

Le traitement des cancers tête et cou requiert une approche multidisciplinaire sophistiquée. Pour les tumeurs localisées, la chirurgie et la radiothérapie constituent les piliers du traitement. Cependant, la recherche moderne ouvre de nouvelles perspectives prometteuses avec l’immuno-oncologie et les thérapies ciblées. Ces innovations visent à stimuler le système immunitaire du patient pour combattre plus efficacement les cellules cancéreuses.

L’accompagnement ne se limite pas au traitement médical. Une équipe complète incluant psychologues, diététiciens, kinésithérapeutes et logopèdes intervient pour soutenir le patient. Cette prise en charge globale est cruciale car ces cancers peuvent avoir des répercussions importantes sur la communication, l’alimentation et la vie sociale du patient. L’objectif est non seulement de traiter la maladie mais aussi de préserver au maximum la qualité de vie du patient.

L’importance du suivi à long terme

Le suivi post-traitement joue un rôle essentiel dans la prise en charge globale. Des examens réguliers permettent de détecter rapidement toute récidive éventuelle et d’ajuster les soins de support selon les besoins du patient. La réadaptation fonctionnelle, notamment pour la parole et la déglutition, peut se poursuivre sur plusieurs mois, voire années, nécessitant un engagement constant de l’équipe soignante et du patient.