HPV et cancer : un vaccin essentiel mais inaccessible après 19 ans

Le papillomavirus humain (HPV) est responsable d’environ 5% des cancers dans le monde. En Belgique, comme le témoigne Maxime, 30 ans, l’accès à cette protection cruciale contre plusieurs types de cancers reste entravé par des barrières financières au-delà de 19 ans.

HPV : un virus cancérigène largement répandu

Le papillomavirus humain n’est pas un simple virus bénin. Si près de 80% de la population est infectée par un type de HPV au cours de sa vie, certaines souches sont directement responsables de plusieurs formes de cancers :

  • Cancer du col de l’utérus (principale cause)
  • Cancer de la bouche et du pharynx
  • Cancer de l’anus
  • Cancer du pénis

Cette réalité est souvent méconnue, particulièrement chez les hommes. « Ce vaccin n’est pas un luxe, » témoigne Maxime, « c’est un moyen de me protéger contre des risques de santé qui, bien que silencieux aujourd’hui, pourraient être dévastateurs à l’avenir. »

Un tiers des cancers liés au HPV touche les hommes

Longtemps considéré comme une problématique essentiellement féminine en raison de son association avec le cancer du col de l’utérus, le HPV est désormais reconnu comme un enjeu de santé masculin majeur. Les études épidémiologiques récentes ont mis en évidence qu’un tiers des cancers liés au HPV se déclarent chez l’homme.

Cette prise de conscience a conduit à l’extension de la vaccination aux garçons, mais le problème de l’accès après 19 ans persiste.

Protection vaccinale : efficacité et couverture

Deux vaccins sont actuellement disponibles en Belgique :

  • Le Cervarix (vaccin bivalent) : cible les souches responsables de 70% des cancers du col de l’utérus
  • Le Gardasil 9 (vaccin 9-valent) : protège contre neuf souches différentes, couvrant 90% des cancers du col et les souches responsables des condylomes

L’efficacité de ces vaccins contre le développement des cancers est scientifiquement prouvée, mais diminue avec l’âge du patient lors de la vaccination. C’est pourquoi la vaccination précoce est privilégiée.

Un frein financier majeur pour les adultes

À 30 ans, Maxime se retrouve face à un obstacle financier considérable. Le coût de la vaccination complète s’élève à environ 390€ pour les trois doses nécessaires, sans aucun remboursement prévu après 19 ans.

Cette situation crée une inégalité d’accès à la prévention. Sandrine Bingen, du service communication de l’INAMI, confirme que « aucun remboursement des vaccins contre les HPV n’est prévu à partir de 19 ans. »

Des populations particulièrement vulnérables

Certains groupes sont particulièrement exposés au risque d’infection par le HPV et de développement de cancers associés :

Les utilisateurs de PrEP

Les personnes sous PrEP (prophylaxie pré-exposition contre le VIH), comme Maxime, sont généralement plus exposées aux infections sexuellement transmissibles, dont le HPV. « Dans mon entourage, il existe un mythe qui fait que beaucoup pensent que la PrEP protège de toutes les MST », confie-t-il.

Les personnes vivant avec le VIH

Le Dr Konopnicki, spécialiste des maladies infectieuses, explique que « l’HPV et le VIH font très bon ménage. Quand vous êtes séropositif, vous avez plus de risque d’être infecté par le HPV. » Cette coinfection augmente considérablement le risque de développer des cancers liés au HPV.

Des recommandations scientifiques ignorées

La Fondation contre le Cancer, par la voix de Sophie Adam, sa coordinatrice Presse & Media, estime qu' »il serait souhaitable d’élargir l’accès gratuit à la vaccination jusqu’à 26 ans, comme recommandé par plusieurs instances scientifiques internationales. »

Cette position est également celle du Conseil Supérieur de la Santé belge, qui recommande la vaccination de rattrapage jusqu’à 26 ans, voire jusqu’à 40 ans pour certaines populations à risque comme au Royaume-Uni.

Une couverture vaccinale inégale sur le territoire

L’accès au vaccin anti-HPV varie considérablement selon les régions belges :

  • En Flandre : plus de 90% des jeunes filles et 87% des garçons sont vaccinés
  • En Wallonie : seulement 64% des filles et 56% des garçons
  • À Bruxelles : 46% des filles et des garçons

Ces disparités régionales s’ajoutent à la barrière de l’âge pour créer un paysage de prévention du cancer inéquitable.

Vers un élargissement du remboursement ?

Le Dr Konopnicki indique que des discussions sont en cours avec le gouvernement pour étendre le remboursement, au moins jusqu’à 26 ans pour la population générale, et potentiellement jusqu’à 40 ans pour les personnes vivant avec le VIH.

Conclusion

Le vaccin contre le HPV représente l’un des rares outils dont nous disposons pour prévenir efficacement certains cancers avant même qu’ils ne se développent. Le maintien d’une barrière financière à l’accès à cette protection pose question en termes de politique de santé publique et de prévention des cancers.

Comme le souligne justement Maxime, ce vaccin n’est pas un luxe mais bien un outil essentiel de prévention contre des cancers potentiellement mortels.

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