Une innovation majeure dans le domaine de l’oncologie vient d’être réalisée par des chercheurs de l’UCLouvain, en collaboration avec l’Université de Lille. L’équipe a développé un composé novateur, le LIBX-A401, qui cible avec précision l’enzyme ACSL4, connue pour son implication dans le développement tumoral. Cette avancée significative pourrait transformer l’approche thérapeutique de certains cancers.
Le dysfonctionnement du métabolisme lipidique joue un rôle déterminant dans la progression de nombreuses tumeurs. Au cœur de ce mécanisme complexe se trouve l’enzyme ACSL4 (Acyl-CoA Synthetase Long Chain Family Member 4), qui catalyse la conversion des acides gras en acyl-CoA, une étape cruciale dans le métabolisme des lipides. Les recherches ont démontré qu’une activité excessive de cette enzyme peut contribuer à l’agressivité de certaines cellules cancéreuses.
Jusqu’à présent, la rosiglitazone, un médicament antidiabétique de la famille des thiazolidinediones, était le seul inhibiteur connu d’ACSL4. Cependant, son utilisation en oncologie était considérablement limitée en raison de ses puissants effets antidiabétiques, sources d’effets secondaires importants.
« Notre défi était de conserver la capacité d’inhibition d’ACSL4 tout en éliminant les propriétés antidiabétiques indésirables, » explique Darius Mazhari Dorooee, chercheur en chimie médicinale à l’UCLouvain et auteur principal de l’étude. « Le LIBX-A401 représente une solution élégante à ce problème. »
Pour concevoir cette molécule innovante, l’équipe a combiné plusieurs technologies de pointe. La spectrométrie de masse a permis d’analyser avec précision les interactions entre le nouveau composé et sa cible, tandis que des simulations informatiques basées sur l’intelligence artificielle ont contribué à optimiser sa structure. Cette approche multidisciplinaire a facilité l’identification précise du mode d’action du LIBX-A401.
Les tests en laboratoire ont révélé que le nouveau composé protège efficacement les cellules contre la ferroptose, un type spécifique de mort cellulaire impliqué non seulement dans certains cancers, mais également dans des maladies neurodégénératives comme Parkinson. Ces résultats prometteurs positionnent le LIBX-A401 comme un outil précieux tant pour la recherche fondamentale que pour le développement de nouveaux traitements.
« Cette découverte ouvre des perspectives thérapeutiques particulièrement intéressantes, » souligne le Professeur Raphaël Frederick, doyen de la Faculté de pharmacie et des sciences biomédicales de l’UCLouvain. « En ciblant spécifiquement ACSL4, nous pourrions développer des traitements anticancéreux plus précis et mieux tolérés, répondant ainsi à un besoin médical non satisfait. »
Cette avancée scientifique majeure, qui pourrait révolutionner les approches thérapeutiques actuelles en oncologie, a été publiée dans la prestigieuse revue internationale Angewandte Chemie. Les travaux ont bénéficié du soutien financier du Télévie et du Fonds National de la Recherche Scientifique (FNRS), qui ont directement financé les recherches menées par Darius Mazhari Dorooee.
Les prochaines étapes consisteront à réaliser des études précliniques pour confirmer l’efficacité et la sécurité du LIBX-A401 dans différents modèles tumoraux, avant d’envisager d’éventuels essais cliniques chez l’homme.