Une journée d’information organisée au CHU UCL Namur site de Godinne a permis de faire le point sur les avancées majeures dans le traitement du cancer pulmonaire. Patients, familles et professionnels de santé ont pu échanger sur les nouvelles approches qui transforment radicalement la prise en charge de cette pathologie parmi les plus meurtrières en Belgique.
Le 15 février dernier, le site de Godinne du CHU UCL Namur accueillait une conférence dédiée aux progrès réalisés contre le cancer du poumon. Sous l’égide de la Pre Sebahat Ocak, pneumo-oncologue thoracique, cette rencontre a mis en lumière les percées scientifiques qui redéfinissent le pronostic de cette maladie.
Une pathologie particulièrement préoccupante en Belgique
Le Dr Duray, médecin généraliste namurois participant à l’événement, a rappelé les chiffres qui font du cancer pulmonaire un enjeu majeur de santé publique dans notre pays: deuxième cancer le plus fréquent tant chez l’homme que chez la femme, il reste la première cause de décès par cancer chez la population masculine belge.
La classification de cette pathologie distingue principalement deux formes: le cancer non à petites cellules (représentant environ 85% des cas) et le cancer à petites cellules (15% des diagnostics). Si le tabagisme reste le principal facteur de risque, les spécialistes ont souligné qu’environ 15% des cancers pulmonaires surviennent chez des non-fumeurs.
Une révolution thérapeutique grâce aux technologies de pointe
Le message central délivré par la Pre Ocak était porteur d’espoir: « Les technologies d’analyse moléculaire à haut débit ont considérablement approfondi notre compréhension de la biologie du cancer pulmonaire. Cette connaissance a permis de développer des thérapies ciblant précisément les anomalies biologiques spécifiques de chaque tumeur. »
Ces avancées se matérialisent par deux approches novatrices:
- Des thérapies ciblées, particulièrement efficaces pour les tumeurs présentant des anomalies génétiques oncogéniques, souvent observées chez les patients non-fumeurs
- L’immunothérapie, qui stimule le système immunitaire pour qu’il reconnaisse et combatte les cellules cancéreuses, avec des résultats remarquables chez les patients dont la tumeur exprime fortement une protéine appelée PD-L1
Une approche diagnostique sophistiquée et multidisciplinaire
Le Dr Fabrice Duplaquet, pneumo-oncologue thoracique, a insisté sur l’importance d’une caractérisation précise de chaque cas: « Le choix du traitement optimal dépend d’une multitude de facteurs individuels: état général du patient, profil biologique de la tumeur, morphologie des cellules cancéreuses et stade d’évolution. »
Cette personnalisation de la prise en charge s’appuie sur des technologies diagnostiques avancées, comme l’ont expliqué le Dr Lionel Pirard (pneumo-oncologue), le Dr Nicolas Mulquin (radiologue) et le Pr Thierry Vander Borght (médecine nucléaire):
- PET-CT au fluorodéoxyglucose pour déterminer avec précision l’extension de la maladie
- Électronavigation endobronchique, comparable à un système GPS, permettant de réaliser des biopsies ciblées de lésions pulmonaires
Cette phase diagnostique, bien que parfois longue, s’avère déterminante pour optimiser les chances de survie.
Des stratégies thérapeutiques adaptées à chaque stade
La prise en charge thérapeutique varie considérablement selon l’étendue de la maladie:
Pour les cancers localisés, la chirurgie demeure le traitement de référence, comme l’ont rappelé le Pr Benoît Rondelet, chirurgien thoracique, et le Dr Pirard. Une évaluation préopératoire approfondie (fonction respiratoire, bilan cardiaque) et une réhabilitation générale préparent le patient à l’intervention.
Les stades loco-régionalement avancés, caractérisés par l’envahissement des structures voisines incluant les ganglions médiastinaux, bénéficient d’une approche combinée associant radiothérapie et chimiothérapie pendant six semaines.
Le Dr Jean Vanderick, radiothérapeute, a souligné l’apport de l’intelligence artificielle dans l’optimisation des traitements: « La machine de radiothérapie peut désormais s’arrêter automatiquement si le patient bouge excessivement, garantissant ainsi une précision millimétrique de l’irradiation. »
Pour les stades plus avancés, les thérapies ciblées ou l’immunothérapie ont révolutionné la prise en charge, offrant non seulement une amélioration significative de la survie mais aussi, dans certains cas traités par immunothérapie, une possibilité de guérison complète.
Une prise en charge globale centrée sur le patient
Au-delà des aspects strictement médicaux, le CHU UCL Namur propose un accompagnement holistique intégrant:
- Une coordination des soins par une infirmière spécialisée
- Un soutien psychologique
- Un suivi nutritionnel par une diététicienne
- L’assistance d’un service social pour résoudre les problèmes administratifs
Cette approche reconnaît l’importance cruciale du médecin généraliste comme pivot de la prise en charge au quotidien.
La parole aux patients: le rôle essentiel des associations
En conclusion de cette journée, deux patientes, Élodie et Marie-Ange (membre de l’association ALK Positive Belgium), ont partagé leur vécu. Leur témoignage a mis en lumière le désarroi initial face au diagnostic et l’importance du soutien entre pairs.
Elles ont regretté que les médecins ne soient pas toujours suffisamment informés sur l’existence des associations de patients, véritables sources de réconfort et d’informations pratiques. Leur message rejoint parfaitement la conclusion de cette journée: face au cancer, l’union fait la force.
Pour plus d’informations:
- Association ALK Positive Belgium: https://www.alkpositivebelgium.be
- Association Prolong: https://prolong.be/
- CHU UCL Namur – site Godinne: 081/42 21 11