Une innovation prometteuse dans la détection précoce du cancer du poumon voit le jour grâce au projet transfrontalier ALCOVE. Coordonnée par le CHU de Lille et soutenue par un financement européen de 6,6 millions d’euros, cette initiative réunit 17 partenaires français et belges, dont l’Institut Jules Bordet, autour d’une technologie de « nez électronique » analysant l’air exhalé des patients.
Une technologie non invasive pour sauver des vies
Le projet ALCOVE, lancé dans le cadre du programme de coopération INTERREG France-Wallonie-Vlaanderen, propose une approche révolutionnaire pour le dépistage du cancer pulmonaire. Son principe? Analyser l’haleine des patients à risque grâce à un dispositif sophistiqué capable de détecter des composés organiques volatils (COV) spécifiques associés aux cellules cancéreuses.
Cette méthode non invasive servirait de première étape de dépistage, permettant d’identifier les personnes nécessitant un examen plus approfondi par scanner thoracique. L’objectif est double: améliorer les taux de détection précoce et optimiser l’utilisation des ressources médicales en ciblant mieux les examens d’imagerie.
Un enjeu de santé publique majeur
Le cancer du poumon représente l’une des principales causes de mortalité par cancer en Europe, avec un pronostic souvent sombre – seulement 17% de survie à cinq ans en moyenne. Cependant, ce taux peut grimper jusqu’à 90% lorsque la maladie est diagnostiquée à un stade précoce, soulignant l’importance cruciale du dépistage.
« En facilitant l’accès à un dépistage de proximité et simplifié, nous espérons détecter plus précocement les cancers du poumon et ainsi améliorer considérablement les chances de survie des patients », explique le Pr Sébastien Hulo, coordinateur du projet au CHU de Lille.
Une collaboration transfrontalière d’excellence
ALCOVE s’appuie sur l’expertise diversifiée de 17 partenaires répartis entre la France et la Belgique:
- Des cliniciens spécialisés en pneumologie et oncologie
- Des ingénieurs experts en capteurs et technologies de détection
- Des spécialistes de l’analyse chimique
- Des experts en traitement du signal et analyse de données massives
Le projet bénéficie d’un financement conséquent de 6,6 millions d’euros, dont 3,96 millions proviennent du Fonds Européen de Développement Régional (FEDER).
Un développement basé sur des recherches antérieures
Cette initiative ambitieuse s’inscrit dans la continuité du projet PATHACOV (2018-2022), qui avait déjà permis le développement d’un prototype de nez électronique. ALCOVE vise à perfectionner cette technologie et à valider son utilisation en conditions cliniques réelles.
Le projet se structure autour de trois objectifs stratégiques:
- Adapter le dispositif aux exigences et normes européennes
- Évaluer sa performance dans des conditions cliniques proches de la réalité
- Préparer son intégration dans les futurs programmes de dépistage
Une étude clinique d’envergure
Pour valider l’efficacité de cette approche innovante, une étude clinique impliquera 492 participants répartis sur trois régions: les Hauts-de-France, le Grand-Est et la Belgique. Parmi eux figureront des patients atteints de cancer du poumon (opérables ou non) ainsi que des sujets présentant des facteurs de risque.
L’Institut Jules Bordet, centre de référence dans la lutte contre le cancer en Belgique, participera à cette étude en tant que partenaire clinique, aux côtés de neuf autres établissements hospitaliers de la zone transfrontalière.
Si les résultats se révèlent concluants, cette technologie pourrait transformer l’approche du dépistage du cancer pulmonaire, en proposant une méthode simple, non invasive et accessible permettant d’identifier plus précocement les patients nécessitant une prise en charge.