Une avancée technologique majeure vient de faire son entrée dans les blocs opératoires belges. Les Cliniques universitaires Saint-Luc à Bruxelles ont réalisé, en mars et avril derniers, deux interventions chirurgicales pionnières en utilisant la réalité augmentée pour traiter des sarcomes. Cette première nationale, annoncée mercredi par l’Institut Roi Albert II, représente également une pratique encore très rare à l’échelle internationale.
La réalité augmentée au service de la précision chirurgicale
Les deux patients concernés par ces interventions novatrices souffraient de sarcomes localisés au niveau du bassin, une zone anatomique particulièrement complexe. Pour procéder à l’ablation de ces tumeurs, l’équipe chirurgicale a employé une technologie de pointe combinant imagerie médicale traditionnelle et réalité augmentée.
La véritable innovation réside dans la méthode de visualisation: plutôt que de consulter les images sur des écrans séparés, le chirurgien portait des lunettes spéciales permettant de superposer directement l’imagerie médicale sur la zone opératoire. Cette projection « dans » le patient offre une perception augmentée de l’anatomie interne, transformant radicalement l’approche chirurgicale.
« Cette technologie permet aux équipes opératoires de bénéficier d’un contrôle de qualité immédiat de leurs gestes et de parfaire leur travail si nécessaire, » précise l’Institut Roi Albert II dans son communiqué. Cette précision accrue s’avère particulièrement précieuse pour des interventions aussi délicates que l’ablation de sarcomes pelviens.
Les sarcomes: des cancers rares aux défis thérapeutiques spécifiques
Les sarcomes constituent une famille de cancers peu fréquents mais extrêmement diversifiés. Ces tumeurs malignes se développent dans les os et les tissus mous comme les muscles, les tendons, les tissus adipeux et les vaisseaux sanguins.
Bien qu’ils ne représentent que 2% de l’ensemble des cancers, les sarcomes se caractérisent par une grande hétérogénéité:
- Plus de 100 sous-types histologiques différents sont répertoriés
- Ils peuvent toucher toutes les tranches d’âge, des enfants aux personnes âgées
- Ils peuvent se développer dans pratiquement toutes les parties du corps
Cette diversité complique considérablement le diagnostic et nécessite des approches thérapeutiques très spécifiques, combinant souvent chimiothérapie, radiothérapie et chirurgie. Les interventions chirurgicales sont particulièrement exigeantes, impliquant non seulement l’ablation complète de la tumeur, mais également la reconstruction des structures environnantes.
L’expertise des Cliniques universitaires Saint-Luc
L’Institut Roi Albert II, qui fait partie des Cliniques universitaires Saint-Luc, s’est imposé comme un centre de référence dans la prise en charge des sarcomes. Cette reconnaissance s’étend au-delà des frontières belges, puisque l’Institut participe au Réseau de Référence européen pour les Cancers solides rares de l’Adulte (Euracan).
Cette double intervention pionnière s’inscrit dans la stratégie d’innovation continue de l’établissement, visant à offrir aux patients atteints de pathologies rares et complexes les approches thérapeutiques les plus avancées.
L’introduction de la réalité augmentée dans le traitement chirurgical des sarcomes pourrait constituer une avancée significative dans la prise en charge de ces cancers particulièrement difficiles à traiter. Cette technologie prometteuse laisse entrevoir de nouvelles possibilités pour améliorer la précision chirurgicale et, potentiellement, les résultats thérapeutiques pour les patients.