En Belgique, une femme sur neuf développera un cancer du sein au cours de sa vie, avec environ 10 500 nouveaux cas diagnostiqués chaque année. Une nouvelle étude canadienne suggère que commencer le dépistage dès 40 ans pourrait améliorer les résultats, mais qu’en est-il vraiment ?
Les arguments en faveur d’un dépistage précoce
Selon le Dr Kevin Punie, oncologue au ZAS, le dépistage précoce présente plusieurs avantages :
- Un traitement moins intensif nécessaire
- Une meilleure qualité de vie pour les patientes
- Une réduction des coûts pour la société
- Une diminution du risque de décès de 12% chez les 40-49 ans
Un point particulièrement important : les cancers plus agressifs surviennent souvent chez les patientes plus jeunes.
Les défis du dépistage avant 50 ans
Le Dr Pieter De Visschere, radiologue spécialisé à Gand, souligne plusieurs obstacles :
La densité mammaire plus élevée avant la ménopause rend la détection plus difficile. Les seins plus jeunes contiennent davantage de tissu glandulaire, moins transparent aux rayons X que le tissu adipeux qui se développe après la ménopause.
Les faux positifs représentent également un défi majeur :
- 8 à 10% de risque par examen
- Jusqu’à 50% de risque sur neuf examens
- Impact psychologique important sur les patientes
- Examens complémentaires parfois inutiles
Une approche personnalisée plutôt que généralisée
Les experts préconisent une stratégie individualisée :
Évaluation des risques
- 935 femmes sur 1000 présentent un risque normal
- Certaines femmes nécessitent un suivi dès 25 ans
- Possibilité de mammographie annuelle dès 40 ans avec recommandation médicale
Évolution des techniques
La nouvelle mammographie numérique offre :
- Une dose de radiation réduite
- Une meilleure qualité d’image
- Un confort accru pour les patientes
Aspects économiques
L’étude canadienne suggère des économies avec un dépistage précoce, mais :
- Les systèmes de santé diffèrent
- Les coûts varient selon les pays
- Une analyse spécifique pour la Belgique est nécessaire
Vers un dépistage sur mesure
Le projet de recherche européen MyPeBS étudie actuellement l’efficacité des dépistages personnalisés. En attendant les résultats, les médecins recommandent :
- Une évaluation des risques à 40 ans
- Une discussion avec les professionnels de santé
- Un suivi adapté au profil individuel
- Une sensibilisation accrue
Conclusion
Plutôt qu’un abaissement général de l’âge de dépistage, l’avenir semble s’orienter vers une approche plus personnalisée, tenant compte des facteurs de risque individuels. En attendant, il reste crucial de consulter régulièrement son médecin pour évaluer son risque personnel et déterminer le programme de dépistage le plus adapté.