Le groupe carolo OncoDNA lance un projet de 30 millions contre le cancer

Un projet ambitieux pour OncoRNA

La société OncoRNA, issue de l’entreprise carolo OncoDNA, se lance dans le développement de vaccins thérapeutiques contre le cancer basés sur l’ARN messager (ARNm). Ce projet promet des vaccins plus faciles et plus rapides à produire que les vaccins thérapeutiques actuels en développement.

Soutien de la Commission européenne

OncoRNA pourrait recevoir jusqu’à 30 millions d’euros de subsides directs de la Région wallonne sur les dix prochaines années. Ce projet a été sélectionné mardi par la Commission européenne parmi une liste de 14 projets dans cinq pays, visant à encourager l’innovation dans le secteur pharmaceutique.

Le programme, nommé Med4Cure, a été reconnu comme un « projet important d’intérêt européen commun » (IPCEI), permettant aux entreprises sélectionnées de bénéficier de règles assouplies en matière d’aides d’État. Les financements peuvent ainsi couvrir jusqu’à 100 % des coûts, dans le cadre des « objectifs stratégiques européens ». Au total, les aides publiques pourraient atteindre un milliard d’euros pour les 13 entreprises participantes.

Une nouvelle direction pour OncoDNA

Pour OncoDNA, cette initiative marque un changement significatif. Située au BioPark de Gosselies, la société était spécialisée dans la médecine de précision pour le traitement des cancers avancés et des maladies génétiques, se concentrant principalement sur les tests de biomarqueurs pour identifier les traitements les plus appropriés.

Pendant la pandémie de Covid-19, OncoDNA a vu une opportunité dans le développement de vaccins personnalisés à ARN messager contre le cancer, inspirée par les succès de Pfizer/BioNTech et Moderna. C’est ainsi qu’OncoRNA a été créée par Jean-Pol Detiffe, fondateur et ancien CEO de OncoDNA, et Christophe Van Huffel, désormais chief scientific officer (CSO) de la filiale.

« Nous avons déposé une famille de brevets protégeant cette technologie, permettant l’administration d’un vaccin personnalisé à ARNm contre le cancer, que nous pourrons produire en quelques jours, » explique Jean-Pol Detiffe. « Notre modèle consiste à identifier les mutations du cancer du patient, les encoder dans différents ARN, et créer un pool personnalisé jusqu’à 100 ARN différents, pour stimuler le système immunitaire du patient. »

Des projets en phase avancée

L’utilisation de l’ARN messager contre le cancer progresse mondialement, avec plusieurs projets en phase d’étude clinique II et III. L’approche d’OncoRNA, tout en restant centrée sur l’ARN messager, se distingue par une production très rapide, ne dépassant pas trois semaines.

« Cette rapidité et les coûts de production réduits sont cruciaux pour les patients atteints de cancer, » souligne Christophe Van Huffel. « Nous utilisons de la biologie synthétique au lieu de la culture cellulaire pour produire les doses rapidement, car un délai de deux à trois mois pourrait être fatal pour le patient. »

Grâce aux subventions reçues, OncoRNA prévoit de mener elle-même le développement clinique, en se concentrant sur les cancers de la tête et du cou, et d’établir une petite usine en Wallonie. « Nous devrons tout de même chercher des investisseurs pour soutenir le projet, » conclut Christophe Van Huffel, estimant les besoins futurs à environ 120 millions d’euros jusqu’à la mise sur le marché.