À la suite de la diffusion d’une émission d’investigation de la VRT exposant l’impact désastreux des cigarettes électroniques chez les jeunes Belges, une dizaine d’organisations de santé ont uni leurs voix pour tirer la sonnette d’alarme. Ces associations exigent des mesures politiques plus strictes pour protéger les nouvelles générations de la dépendance à la nicotine, considérant que « les enfants et les jeunes ont le droit de grandir sans fumée ni nicotine ».
Une coalition d’experts face à un danger croissant
L’émission Pano de la VRT a récemment confirmé ce que les professionnels de la santé redoutaient: les jeunes Belges sont massivement touchés par la dépendance à la nicotine via la cigarette électronique. Face à ce constat alarmant, une coalition impressionnante d’organisations de santé a décidé d’agir:
- La Fondation contre le Cancer
- Kom op tegen Kanker
- La Ligue belge de cardiologie
- Le FARES (Fonds des Affections Respiratoires)
- Le SEPT (Service d’Étude et de la Prévention du Tabagisme)
- L’OSH (L’Observatoire de la Santé du Hainaut)
- La Diabetes Liga
- La VRGT (Société flamande de santé respiratoire et de tuberculose)
- La BeRS (Belgian Respiratory Society)
- La BeLF (Belgian Lung Foundation)
La plupart de ces organisations sont membres de l’Alliance pour une société sans tabac, ce qui renforce la portée de leur appel collectif.
La génération sans tabac compromise par l’e-cigarette
Malgré les nombreuses initiatives mises en place ces dernières années pour promouvoir une génération sans tabac ni nicotine, la popularité croissante de la cigarette électronique chez les jeunes menace aujourd’hui ces efforts. Pour les organisations signataires, il est désormais crucial de lutter non seulement contre les formes traditionnelles de tabac, mais aussi contre l’attrait de l’e-cigarette et d’autres produits récréatifs contenant de la nicotine.
La nicotine: un danger sous-estimé pour le cerveau des adolescents
Contrairement à certaines idées reçues, la nicotine est loin d’être une substance inoffensive. Elle figure parmi les substances les plus addictives, aux côtés de la cocaïne et de l’héroïne. Les experts soulignent plusieurs risques majeurs liés à sa consommation, particulièrement chez les jeunes:
- Risque accru de poly-dépendances: la dépendance à la nicotine est souvent associée à un risque plus élevé de dépendance à d’autres substances comme l’alcool ou les drogues.
- Vulnérabilité spécifique des adolescents: le cerveau des jeunes, encore en développement, est beaucoup plus sensible à l’effet de récompense produit par la nicotine, les rendant particulièrement vulnérables à l’addiction.
- Modifications cérébrales permanentes: des études ont démontré que la consommation de nicotine pendant l’adolescence peut entraîner des changements durables dans le cerveau.
- Impact sur la santé mentale: les jeunes vapoteurs sont non seulement exposés à des troubles de la concentration, mais présentent également un risque accru d’anxiété et de dépression.
Au-delà de la nicotine: un cocktail de substances potentiellement dangereuses
La nicotine n’est que la partie visible de l’iceberg. Les cigarettes électroniques contiennent de nombreuses autres substances potentiellement nocives. Les milliers d’e-liquides disponibles sur le marché renferment une grande diversité de composants et d’arômes dont l’inhalation régulière peut nuire à la santé. Les experts rappellent que l’e-cigarette reste un produit dont les effets à long terme sont encore largement méconnus.
Une industrie qui cible délibérément les jeunes
L’industrie de la nicotine présente souvent l’e-cigarette comme une aide au sevrage tabagique ou une alternative plus sûre pour les fumeurs adultes. Or, selon les organisations de santé, la réalité est tout autre. Les producteurs ciblent délibérément les jeunes à travers:
- Des stratégies marketing agressives
- Des arômes sucrés particulièrement attractifs
- Des emballages aux designs colorés et attrayants
Ces techniques de séduction, jugées contraires à l’éthique, visent à garantir à l’industrie une nouvelle génération de consommateurs dépendants à la nicotine.
L’e-cigarette n’est pas une aide au sevrage officiellement reconnue
Si l’e-cigarette est fortement déconseillée aux non-fumeurs, surtout les jeunes, elle peut constituer une alternative pour les fumeurs déjà dépendants. Toutefois, contrairement aux thérapies de remplacement de la nicotine (patchs, gommes, comprimés, sprays) ou aux médicaments comme la varénicline, la cigarette électronique n’est pas considérée comme un médicament, ni en Belgique ni au niveau mondial.
Cette distinction importante implique qu’elle bénéficie de moins de garanties de sécurité et de qualité que les autres aides au sevrage tabagique. Les organisations de santé recommandent donc de privilégier les méthodes médicalement reconnues, idéalement sous la supervision d’un professionnel de santé, notamment un tabacologue.
Un appel à une action politique urgente et déterminée
Face à cette situation préoccupante, les experts et organisations de santé appellent les responsables politiques à agir rapidement pour fermer toutes les voies par lesquelles les jeunes sont attirés et ont accès à la cigarette électronique.
Si des premières mesures positives ont déjà été prises, comme l’interdiction des cigarettes électroniques jetables et des présentoirs visibles, les signataires estiment qu’il faut aller plus loin, notamment en:
- Mettant un frein à la promotion numérique et au commerce illicite
- Réduisant la disponibilité des produits pour les jeunes
- Appliquant plus strictement l’âge minimum légal de vente
- Adoptant des mesures restrictives sur les arômes qui rendent les e-cigarettes particulièrement attrayantes
Les organisations concluent leur appel par un message clair: « Si nous voulons éviter que d’autres enfants et jeunes soient victimes d’une industrie de la nicotine dénuée de toute éthique, il est impératif d’agir dès maintenant! »